Liens de Mer : portail maritime

Titrant "La Coupe de l'America rencontre un grand succès populaire pour son retour en Europe", le Monde semble avoir LA réponse aux interrogations dont je m'étais fait echo ici.

Las, cet article est une fois de plus un produit 100% America's Cup ! Une illustration parfaite des dérives de l'évènement : on n'y parle que de chiffres et les pires qui soient, ceux avec de nombreux zéros derrière et suivi d'une devise forte comme le Dollar ou l'Euro.

Et moi qui croyais que grâce au Monde on allait enfin parler de l'autre face de la coupe : celles des émotions, des histoires d'hommes, de régates à suspens ... j'en suis pour mes frais. Le Monde ne fait pas exception et l'adjectif 'populaire' se limite à désigner la fréquentation à Trapani.

L'article complet

Parmi ses multiples visages, la mer est un moyen de transport. Pour le dire de manière plus poétique : la mer c'est aussi le voyage. Et qui dit voyage, dit escale.

Pour le plaisancier pas trop pressé cela signifie : découverte d'un pays, rencontre de ses habitants, découverte de nouveaux paysages, d'une nouvelle cuisine ... Illustration avec la planche collective en escale aux Canaries; ça fait autant rêver qu'un long bord sous spi dans les alizés, non ? Plaisirs d'escale donc ...

"Hier, nous avons loué une petite Fiat, ballade sur l'ile, nous avons fui la ville avec son bruit [...]

Ensuite nous grimpons un peu plus haut, vers 1000m où nous trouvons une vigne complètement sauvage. Une ventrée s'en suit, et continue après la découverte de Figuiers, avec des figues mures [...]

Nous apercevons au loin vers l'Est, comme posée dans l'air, l'ile de Gran Canaria, avec l'ile de Lanzarote encore plus loin. Impression d'irréalité, l'horizon n'est pas visible vu les nuages. Nous ne voyons des iles lointaines que la partie émergée de la brume. Plein les yeux !"

Pour aller plus loin : le texte complet sur leur site et son livre de bord qui respire l'authenticité, ainsi qu'un reportage de Sextan.com dont est tirée la photo d'illustration ci-dessus.

Arrivez-vous à suivre le plus vieux trophée sportif du monde, j'ai nommé l'America's Cup ?

Ce n'est pas de la tarte et ce n'est rien de le dire. Petit zoom sur l'évènement.

Une épreuve en mutation
Marc Bouët (nouvel arrivant chez K-Challenge) "Ça devient plus compliqué. Rien que l’exemple de notre passage devant le jury pendant l’Acte 6 (K-Challenge a écopé d’une pénalité financière de 5000 euros pour cause de lattes trop nombreuses dans la grand-voile, ndlr). Avant, c’est certainement l’un d’entre nous qui serait allé en salle de réclamation. Maintenant, c’est une affaire d’avocats, ce n’est plus une affaire de sportifs. Il y a aussi plus d’argent en jeu."

Vous avez dit "plus compliqué" ? c'est un doux euphémisme, même l'organisateur ACM (America's Cup Management) s'est trompé dans ses derniers classements, et pour cause : l'énoncé des règles d'attribution des points ressemble à un problème Shadok avec par exemple un act 13 qui s'appellera ... act 14 car c'est bien connu les marins sont superstitieux !

Depuis la victoire d'Alinghi en mars 2003 et la prise de contrôle d'ACM, le budget de l'épreuve est passé de 25 à 210 millions d'euros.

Et le public dans tout ça ?
Le constat de Bertrand Pacé
"Je trouve que l'engouement populaire n'est pas très fort à Malmö. Pendant les Acts de juin à Valence, il n'y avait pas grand monde sur l'eau. En fait, le mieux, c'était indéniablement à Marseille. On verra à Trapani."

Comment expliquer cette désaffection du public ? La réponse est assez simple : les Actes de la Coupe Louis-Vuitton, qui ponctuent la route des syndicats jusqu'en 2007, jouent un rôle minime dans le résultat final de l'America's Cup. Et les nouveaux bateaux, qui arriveront pour la plupart en 2006, vont changer la donne. (Aujourd'hui seuls les Sud-africains disposent d'un bateau conçu spécialement pour la version 5 de la jauge !).

D'où viendra le salut ?
Voilà donc beaucoup d'agitation (et de changements) pour le retour tant attendu de la coupe en Europe mais le grand public arrivera t'il enfin à suivre une compétition dont l'image d'évènement mondial 'réservée aux spécialistes' au lieu de s'estomper aurait plutôt tendance à se renforcer ?

La réponse viendra t'elle des sponsors et autres investisseurs qui surveillent précisément leurs retombées médiatiques ? Les yeux sur leur porte-monnaie peut-être sauverons t'ils l'América's Cup du naufrage, car pour eux point de salut sans adhésion d'un large public.

Plus sûrement la solution pour susciter l'intérêt du public serait d'avoir en quelque sorte des "passeurs", des passionnés capables de vulgariser l'America's Cup et d'extraire de l'avalanche d'actualités en provenance de tous les syndicats comme de l'organisateur ou des autres médias les évènements majeurs et de les relater sans parti pris comme j'ai eu l'ambition de le faire pour l'épisode du "sur-poids" des Class America en Suède.

Avis aux candidats, il ne tient qu'à vous de prendre la plume pour casser l'image élitiste de l'America's Cup et embarquer le public avec vous sur cet évènement extra-ordinaire ! Les pages de Liens de Mer vous sont ouvertes ... à moins que vous ne soyez prêt à vous lancer dans l'aventure de faire vivre votre  propre site. Dans tous les cas j'aurais (et je ne serais certainement pas le seul) plaisir à suivre l'America's Cup en vous lisant.

Branle bas de combat chez les participants du Vendée Globe 2008. Les prétendants sérieux au titre "d'homme le plus rapide autour de la planète en solitaire et sans escale en voilier monocoque" sont en train de concevoir leur nouvelle machine de course. Si certains skippers font le choix délibéré de travailler avec des architectes de l'hémisphère sud (c'est le cas de Jean-Pierre Dick pour son nouveau Virbac) d'autres prennent cette décision contraints et forcés : ils sont victimes du succès de la filière nautique européenne !

- Dominique Wavre ne peut pas faire construire son nouveau Temenos chez D35 (son voilier sera construit en Nouvelle-Zélande au chantier Southern Ocean Marine), la faute au nouveau Class America Alinghi qui monopolise déjà le chantier suisse.

- Vincent Riou lui aussi a été obligé de s'expatrier car (officiellement) les délais proposés par le cabinet d'architectes français (Finot en l'occurence) étaient incompatibles avec un programme comprenant comme objectif une victoire dans la prochaine Route du Rhum. La construction elle sera 'dé-(re ?)-localisée' en France.

La mondialisation de la course au large est en marche ! Bon signe pour l'Europe : ses compétences sont mondialement reconnues puisque les carnets de commandes des professionnels du secteur sont bien remplis. Ces bonnes affaires obligent les coureurs et leurs écuries à un peu plus de 'diversité', espérons que cela entraînera aussi en mer une compétition plus 'ouverte' !

René Friolet a pour projet de construire des bateaux de plaisance dans la Péninsule acadienne, son chantier (Friolet Services Maritimes basé à Bas-Caraquet) a commandé une étude de marché dont voici les conclusions :

"Les babyboomers vont prendre leur retraite et vendre leur maison pour s’acheter une caravane ou un yacht."

Une perspective certainement aussi valable hors de l'Amérique du Nord !

[Extrait d'un article de Marc Cochrane parue dans L’Acadie Nouvelle : http://www.acadienouvelle.com info glanée grâce à http://www.marine-marchande.com ]